S’appuyer sur une analyse de cheveu pour restituer le permis de conduire suite à une suspension pour conduite sous l’emprise de stupéfiants

S’appuyer sur une analyse de cheveu pour restituer le permis de conduire suite à une suspension pour conduite sous l’emprise de stupéfiants

Un médecin agréé pour les visites médicales du permis de conduire, peut prescrire tout examen complémentaire qui lui semble utile. A l’image d’autres pays européens qui exigent une analyse capillaire pour restituer le permis suspendu ou annulé suite à la conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants, il serait pertinent de recourir, en France également et dans certains cas, à l’analyse de cheveux . En effet, parmi les conducteurs impliqués dans un accident mortel, en 2010, 30% des conducteurs étaient positifs pour l’alcool et 8% l’étaient pour le cannabis. Le cheveu se comporte comme un véritable enregistreur de la consommation d’alcool, de stupéfiants et le prélèvement de cheveu est non invasif, donc très facile à réaliser à l’occasion d’une consultation médicale.

L’analyse des cheveux retrace l’histoire de l’addiction dans le temps
Limites des analyses de sang et d’urine pour objectiver une addiction
Le médecin agréé peut prescrire tout examen complémentaire qui lui semble utile
Analyses capillaires en Europe
En pratique, comment réaliser cet examen de cheveu ?

Vincent Cirimele  a participé à la rédaction de cet article :
fort d’une thèse de Sciences sur « le dosage des xénobiotiques dans les cheveux » et d’une expérience de près de 20 années dans l’analyse des cheveux et les investigations médico-légales en matière de toxicologie, le Dr Vincent Cirimele mets ses connaissances analytiques au service des forces de l’ordre pour, entre autres, la recherche et le dosage de l’alcool, des stupéfiants et des médicaments. Dorénavant, cet approche est proposée aux médecins agrées des préfectures dans les procédures de restitution du permis de conduire.

L’analyse des cheveux retrace l’histoire de l’addiction dans le temps

En matière de consommation d’alcool ou de stupéfiants, l’analyse des cheveux retrace l’histoire de l’addiction dans le temps, puisque le cheveu s’apparente à un véritable enregistreur de notre consommation de substances psychoactives .
Le cheveu prend naissance sous la peau au niveau du bulbe qui est irrigué par les vaisseaux sanguins. Lors d’une consommation de stupéfiants, d’alcool, de médicaments, les molécules sont transportées par le sang et incorporées dans la matrice protéique du cheveu au niveau de sa racine. Les cheveux en croissance continuent à incorporer ces molécules. Les cheveux poussent d’1 cm par mois et leur analyse, cm par cm, permet de retracer l’histoire de la consommation dans le temps : l’étude du cheveu situé le plus près de la racine reflète l’exposition la plus récente, alors que l’étude du cheveu vers la pointe témoigne de l’exposition la plus ancienne. Ainsi, une analyse des 6 premiers centimètres à partir de la racine représente 6 mois de consommation de l’usager.
Le cheveu une fois sorti du bulbe est considéré comme matrice morte, sa composition chimique ne se modifie pas dans le temps, il est possible de le conserver longtemps à l’abri de la lumière et de l’humidité.
Contrairement aux autres échantillons biologiques, le cheveu ne démontre pas une prise récente de substances illicites.
Par contre, un échantillon de cheveux est parfaitement adapté au dépistage couvrant de longues périodes contrairement au sang ou à l’urine qui ne donnent qu’une image des heures qui précèdent le prélèvement.

 Limites des analyses de sang et d’urine pour objectiver une addiction

Les limites des analyses de sang et d’urine sont bien connues : lors d’un contrôle au bord des routes, le dépistage des stupéfiants se fait au moyen de tests salivaires, les résultats illustrent la consommation récente de ces produits. Un prélèvement sanguin est nécessairement réalisé en cas de contrôle positif, qui confirme ou infirme les résultats du test salivaire. Ces examens sont tout à fait adaptés dans ce contexte, pour mettre en évidence le flagrant délit de conduite sous influence de stupéfiants.
Par contre, dans le cadre d’une suspension de permis de conduire suite à l’usage de stupéfiants et/ou alcool, les prélèvements sanguins ou urinaires ne reflètent pas le sevrage ou les habitudes réelles de consommation sur le long terme. L’usager cesse toute consommation durant quelques jours avant la réalisation du test et de la visite médicale auprès de la commission médicale des permis de conduire et récupère son permis même s’il est dépendant et non sevré.

Le médecin agréé peut prescrire tout examen complémentaire qui lui semble utile

Le nouveau décret du 17 juillet 2012 qui prévoit une nouvelle organisation des visites médicales pour les permis de conduire précise que :
 » Lors de ce contrôle médical, le médecin agréé ou la commission médicale peut prescrire tout examen complémentaire. Il peut également solliciter, dans le respect du secret médical, l’avis de professionnels de santé qualifiés dans des domaines particuliers « .
Alors que ce nouveau décret prévoit la réalisation de test psychotechnique dans tous les cas de suspension (le prix des tests psychotechniques varie entre 80 et 130 €), il nous semblerait davantage pertinent de prévoir une analyse des cheveux lorsque la suspension de permis résulte de la conduite sous l’emprise de stupéfiants. Cette analyse de cheveu remplacerait également les analyses d’urine ou de sang régulièrement demandées par les médecins agréés lors de la visite médicale pour la restitution du permis. Le prix d’une analyse de cheveux avoisine 70 € pour 1 segment et 105 € pour 2 segments, tandis que le dosage d’une famille de stupéfiant dans le sang coûte 59€ et le dosage des 4 classes de stupéfiants 261 € (cannabis, amphétamines, héroïne et cocaïne)
Aucun des examens complémentaires prescrits lors de ces visites médicales n’est pris en charge par les caisses de Sécurité sociale.

 Analyses capillaires en Europe

Dans plusieurs pays d’Europe ( Belgique, Allemagne, Italie, etc), l’analyse capillaire est utilisée en routine dans le cadre de la restitution des permis. En Angleterre, les analyses capillaires sont des examens de routine au même titre que les analyses de sang ou d’urine.

En pratique, comment réaliser cet examen de cheveu ?

Une mèche de cheveu doit être envoyée sous enveloppe à un laboratoire spécialisé (Chem-Tox) : les résultats sont disponibles sous 5 à 10 jours ( possibilité de résultats en urgence, soit dans les 24H qui suivent la réception de l’échantillon).

Pour réaliser le prélèvement :
prélever environ 50 cheveux pour un dosage ( soit une mèche de la taille d’un crayon à papier), de préférence  prélevée au milieu de l’arrière du crâne ( vertex),
• attacher la mèche avec un élastique, la couper à ras du cuir chevelu,
• orienter la mèche en la plaçant dans une feuille pliée en 2 en indiquant les côtés racine et pointe,
•  placer la mèche dans une enveloppe.

Noter les informations nécessaires à l’identification  (nom de l’intéressé, date de prélèvement, nom du préleveur, longueur de l’échantillon).

Des kits de prélèvements sont disponibles sur simple demande au laboratoire Chem-Tox.
Chem-Tox : restitution du permis de conduire : l’intérêt de l’analyse des cheveux.  »

Vous pouvez lire également les articles suivants :

Site internet conseillé

 


5 Comments
  • anne
    Répondre
    Posté à 8 h 41 min, 16 novembre 2012

    l’analyse urinaire est t elle toujours indispensable pour la validation des permis pl et eb hors commission permis de conduire ou est ce supprimer de la legislation
    cordialement

  • letal
    Répondre
    Posté à 12 h 28 min, 23 décembre 2012

    Et les médicaments,psychotrope,alors?
    Grace à eux, j’ai perdu une tante (juste parce qu’elle a arreté son traitement,le coeur à laché!),j’ai vu la santé mentale et son intellect,se dégrader chez ma mère et je connais des gens qui se sont suicidés à cause de ces « médicaments ».
    Si, ils avaient fumé un joint (je ne connais personne mort de la fumette et encore moins d’intellect diminué) à la place, ils ne se seraient jamais dégradés pour les uns et seraient toujours vivant pour les autres
    Mais faut pas toucher,les laboratoires! Nos maitres et saigneurs en sont les plus grands actionnaires….
    Quel hypocrisie!
    Des méthodes qui font froid dans le dos…
    Mensonges,contres vérités,idées fausses,études magouilles et maintenant flicage extrême ; quel scandale, quelle triste société médiocre!
    A vomir….

    Un libertaire.

  • Posté à 13 h 35 min, 18 décembre 2015

    Lors de l’inscription en auto-école, le candidat doit renseigner toutes les affections, addictions et traitements. L’auto-école demandera alors une aptitude médicale. Mais beaucoup de candidats ne disent rien afin de passer le permis alors qu’ils sont inaptes (temporairement ou définitivement). Il est de chacun la responsabilité de déclarer ses problèmes afin de faire au mieux et de ne pas mettre les autres en danger. En cas de doute, le médecin traitant est là pour nous guider. Alors votre tante aurait dû savoir qu’elle se mettrait en danger et mettrait en danger les autres usagers et arrêter tout simplement la conduite.

  • pasdenom
    Répondre
    Posté à 12 h 29 min, 24 mai 2018

    Est-il possible, ou, cela c’est déjà fait, en France, que un médecin demande une analyse de cheveu?
    Et si la personne est rasé, comment ils font?

    • Dr Marie-Thérèse Giorgio
      Répondre
      Posté à 20 h 38 min, 25 mai 2018

      Cette demande peut se faire via les tribunaux. Si le crâne est rasé, on peut prélever des poils …

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