Visites médicales du permis de conduire

Consommation d’alcool ou de stupéfiants : l’analyse des cheveux retrace l’histoire de l’addiction dans le temps !

Dans le cadre de la restitution du permis de conduire, l’Allemagne et l’Italie utilisent depuis plusieurs années l’analyse des cheveux, pour distinguer les consommateurs de stupéfiants et les personnes sevrées.
Actuellement en France, pour la restitution du  permis de conduire, suite à une suspension pour conduite sous l’emprise des stupéfiants, des résultats d’une analyse de sang ou d’urine doivent être présentés lors de la visite médicale.
Les limites de ces examens sont bien connues : une absence de stupéfiants dans le sang indique que le conducteur n’a pas utilisé des stupéfiants dans les 24 heures précédentes, tandis qu’ une absence de stupéfiants dans les urines témoigne que le conducteur n’a pas consommé dans les 2 à 4 derniers jours de la cocaïne, des amphétamines, des opiacés ou même du cannabis si c’est un consommateur occasionnel.

C’est seulement l’analyse des cheveux qui permet d’attester qu’un conducteur n’a pas consommé des stupéfiants depuis le moment de la suspension de son permis de conduire, par exemple.
Une analyse d’urine caractérise un usage ponctuel, alors que les cheveux témoignent d’une consommation répétée.
Aux Etats-Unis, en Allemagne ou en France, l’expertise toxicologiques à partir des cheveux est reconnue par les tribunaux.

En effet les cheveux en croissance incorporent les substances présentes dans le sang et la sueur et constituent  donc un véritable calendrier rétrospectif de la consommation d’alcool ou de stupéfiants. Les cheveux poussent d’1 cm par mois et leur analyse, cm par cm, retrace l’histoire de la consommation dans le temps : l’étude du cheveu situé le plus près de la racine reflète l’exposition la plus récente, alors que l’étude du cheveu vers la pointe témoigne de l’exposition la plus ancienne.

Cette analyse dans les cheveux est reconnue par la justice, c’est une méthode non invasive, il suffit d’obtenir une mèche de cheveux, qui peut être conservée à température ambiante, la mesure est cumulative et le risque de faux positifs est théoriquement nul.
Une mèche de 80 cheveux ( taille d’un crayon à papier)  est prélevée au niveau du vertex, coupée, le plus près possible du cuir chevelu,  au ciseau ( et non arrachée). Elle est conservée dans une enveloppe ou un tube sec, à température ambiante.
Tout traitement des cheveux, décoloration, permanente, lissage, baisse les concentrations des molécules incorporées. Dans ces cas là, d’autres poils peuvent être prélevés ( axillaire, pubien, thoraciques).

Dans les cheveux, les substances mères sont présentes à dose plus élevées que celles de leurs métabolites, alors que dans les urines, les métabolites sont présents à dose plus élevées que la substance mère.
Dans les cheveux on peut donc faire la différence entre 2 substances qui auraient les mêmes métabolites.
Avant d’être analysé, les cheveux prélevés sont décontaminés par lavage puisque les substances fumées ( cannabis, crack, héroïne) peuvent se déposer par voie passive chez une personne qui n’a pas consommé de drogues.

Marqueurs pour les stupéfiants dans les cheveux

C’est un Test Elisa qui est utilisé pour réaliser ces dosages  des opiacés-cocaine, amphétamines, cannabis
Seuils de positivité recommandés par la Society of hair testing

Marqueur de l’alcool dans les cheveux

On peut également doser un marqueur de l’éthanol dans les cheveux :
l’éthyl glucuronide présent au delà de 30 pg/mg dans les cheveux témoigne d’une consommation excessive d’alcool, en particulier pour une quantité supérieure à 60 gr par jour.
Contrairement aux marqueurs sanguins classiques, VGM et GammaGT, l’éthyl glucuronide est très spécifique de l’alcool et n’est pas influencé par la prise de médicaments.
Ces tests peuvent être utilisés pour mettre en évidence une consommation excessive d’alcool mais pas une abstinence ou une consommation modérée

Sécurité routière : l’analyse des cheveux est prévue dans le code de la route

L’analyse des cheveux est prévue par le décret n 2003-293 du 31mars 2003 relatif à la sécurité routière.

Article 221-3 du Code de la route
« –Le préfet soumet à des analyses ou à des examens médicaux, cliniques et biologiques, notamment salivaires et capillaires :
1° Tout conducteur ou accompagnateur d’un élève conducteur auquel est imputable l’une des infractions prévues par les articles L. 234-1, L. 234-8, L. 235-1 et L. 235-3 ;… »
c’est à dire conduite sous l’emprise de l’alcool ou des stupéfiants.
L’analyse segmentaire des cheveux présente des avantages par rapport aux analyses traditionnelles  : analyses urinaires pour les stupéfiants, tests sanguins classiques pour l’alcool  Cette analyse est un outil important pour la justice, les médecins, pour suivre l’évolution d’une toxicomanie.

A l’occasion des visites médicales à la commission médicale des permis de conduire, il serait intéressant de procéder comme en Allemagne et en Italie, et exiger une analyse des cheveux pour restituer le permis à un conducteur qui a conduit sous l’emprise des stupéfiants,  puisque seule cette analyse témoigne de l’abstinence au long cours. Par ailleurs pour les conducteurs qui ont conduit sous l’emprise de l’alcool, les taux de GammaGT et VGM sont parfois augmentés alors que les conducteurs prétendent ne plus consommer d’alcool, le taux de CDT n’est pas toujours très probant, l’analyse des cheveux permettrait donc de lever le doute…

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